La rythmologie au féminin pour parler des particularités du genre
10h50-12h00 : SÉANCE 3
Modératrices : Estelle Gandjbakhch (Paris) et Emeline Barth (Grenoble)
Spécificités thrombo-emboliques et du traitement anticoagulant liés au genre féminin
Géraldine Poenou (Saint-Etienne)
La fibrillation atriale (FA) est un terrain plus risqué chez nos patientes que nos patients. Bien que les hommes soient généralement plus touchés, le risque de complications graves comme les AVC est plus élevé chez les femmes, même après ajustement des facteurs de risque. Traditionnellement considéré comme un facteur de risque indépendant, le sexe féminin est désormais aussi perçu comme un modificateur de risque en FA. Ce statut de modificateur de risque suggère que les caractéristiques biologiques et hormonales féminines influencent l’évolution et la gravité des complications. Cela implique une approche personnalisée dans la prise en charge de la FA chez les femmes, prenant en compte les spécificités de risque attribuées au sexe féminin pour optimiser les traitements et réduire les complications.
Implantation des prothèses cardiaques chez la femme
Peggy Jacon (Grenoble)
Il n’existe pas de recommandations spécifiques pour l’implantation des prothèses cardiaques chez la femme (manque d’essais et de registres sur les différences relatives au sexe, et sous-représentation globale des femmes dans les études).
Les femmes représentent environ 40% des patients implantées par prothèses cardiaques, leur risque de complications periopératoires semble plus élevé.
Du point de vue pratique, certaines situations complexes plus spécifiques aux femmes doivent être si possible anticipées ou gérées au suivi : gène fonctionnelle et esthétique et pathologie neoplasique du sein (chirurgie et radiothérapie).
L’ablation de la fibrillation atriale chez la femme : est-elle si différente de celle de l’homme ? Ressenti ou éléments factuels ?
Marjaneh Fatémi (Brest)
La fibrillation atriale (FA) est une pathologie fréquente. Avec le vieillissement de la population, son incidence ne cesse d’augmenter. Devant l’efficacité limitée du traitement antiarythmique, l’ablation devient un traitement de choix pour la prise en charge de cette affection. Les données récentes de la littérature semblent indiquer qu’une prise en charge précoce par contrôle du rythme (cardioversion, antiarythmique et/ou ablation) est associée à un meilleur pronostic en terme de mortalité et d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque.
Cependant, toute la population ne bénéficie pas de façon identique de ces nouvelles stratégies. On note en effet, une disparité entre les hommes et les femmes, aussi bien dans le délai de dépistage de la FA par rapport au début des symptômes que du type de traitement. Malgré une plus grande sévérité des symptômes, le diagnostic de la FA, chez la femme, est plus tardif et celles-ci bénéficient moins souvent que les hommes d’une stratégie de contrôle du rythme. Elles sont adressées plus tardivement pour une ablation et quand cela est programmé, le pourcentage de FA persistante chez la femme est plus élevé que chez l’homme, ce qui réduit le pourcentage de succès de l’ablation. Afin d’améliorer le taux de succès de l’ablation, la simple isolation des veines pulmonaires peut s’avérer insuffisante et la réalisation d’autres lignes de lésion pourrait alors être nécessaire, au prix d’un possible taux de complication plus important, même si les données de la littérature divergent sur ce sujet. Il est donc impératif de déceler les raisons de cette disparité et d’accélérer le dépistage de l’arythmie chez la femme, afin d’assurer la mise en place de thérapeutique (s) appropriée (s) dans les plus brefs délais.
La prise en charge des troubles du rythme chez la femme enceinte
Estelle Gandjbakhch (Paris)
Palpitation de l’adolescent(e) : quand adresser aux rythmologues, aux endocrinologues, aux médecins de réadaptation cardiaque ou aux psychiatres ?
Alice Maltret (Paris)
Le symptôme de palpitation est un motif fréquent de consultation à l’adolescence.
Leurs étiologiques sont dominées par les causes extra cardiologiques à cet âge.
Un bilan initial comprenant notamment un interrogatoire visant à préciser les caractéristiques des symptômes permet souvent d’orienter le diagnostic.
Cependant, la documentation électrocardiographique peu critique reste indispensable pour soit rassurer le patient soit lui offrir une prise en charge adaptée.
Ma synthèse, mon vécu et les perspectives futures de la prise en charge rythmologique chez la femme
Laurence Jesel (Strasbourg)
S’intéresser au cœur des femmes relève d’une évidence épidémiologique. Il existe des signaux inquiétants depuis 20 ans avec une augmentation de la mortalité cardiovasculaire chez les femmes de 35 à 54 ans. Elles partagent les mêmes facteurs de risque cardiovasculaire que les hommes et présentent des facteurs de risque particuliers associés à la grossesse, à la ménopause et à plusieurs pathologies gynécologiques hormono-dépendantes. Dans le domaine rythmologique, la fibrillation atriale chez la femme a un moins bon pronostic cardiovasculaire avec plus d’hospitalisations et de moins bons résultats de l’ablation en raison d’un substrat de l’oreillette gauche plus altéré. D’autres pathologies comme la cardiopathie de stress ou Tako-tsubo surviennent surtout chez la femme ménopausée. Il semble exister une physiopathologie différente chez la femme avec une réponse au stress plus intense, l’implication de facteurs psychosociaux et surtout une influence hormonale importante. Le cœur de femme présente des propriétés électrophysiologiques propres liées à une expression génique dépendante du sexe mais également liées à l’influence des œstrogènes. Le rôle de la graisse épicardique peut également être incriminé dans la survenue du substrat plus altéré de l’oreillette gauche. La prévention cardiovasculaire chez les femmes passe par une éducation de celles-ci mais également des professionnels de santé. Il faut favoriser la recherche médicale ciblée sur les spécificités liées au sexe et favoriser le recrutement des femmes dans les études scientifiques.